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Rentrer chez moi comme souvent, la chanson m’arrive en amont de tout, comme une métaphore du futur - c’est moins composer la chanson que la laisser arriver à l’intérieur de soi et ensuite être assez courageux pour respecter la vérité dite Oui, j’aimerais rentrer chez moi définitivement en mon corps En mon humanité, irréductible En nos corps éreintés par une société des ombres, une société de la performance ultime, celle d’un soi qu’on pourrait encapsuler dans un téléphone Doigts gentils au matin, affamés d’amour, sur le téléphone Mais dedans nous, la vérité irréductible à l’objectif La vérité de notre âme Le travail de l’amour se fait désormais dans les fréquences - depuis Paranoïa, qui m’a appris l’invisible, j’apprends que la musique aussi est sculpture de l’invisible Shamanique, elle l’est parce que je crois que la musique peut nous sauver et nous soigner, nous l’avons tous cet exemple, en nous, de cette musique Alors je m’attelle au mix, j’étudie les plus grands, ceux qui, hors d’un système trop codifié maintenant, faisaient simplement des choix, plus ou moins extrêmes Une expression de leur style, le style étant l’allant du choix qu’on fait à chaque instant Comment tu marches Les intonations de ta voix La musique que tu écoutes, ton paysage intérieur : ton style. Cette chanson me fait pleurer car elle est vraie, tant d’amour que j’ai pour vous, cette profonde décision de toujours rester honnête - pour que la danse, l’instant partagé ensuite, soit cette fête d’un amour vécu. Plein, sans revers. Un amour de l’un à l’autre, avant de danser pour cette vidéo j’ai écouté Barbara Je me souviens D’elle qui danse dans le salon, de son approche du mouvement Une célébration, un partage Une danse qui exprimerait l’intérieur de soi en poème Je suis élève des plus grands du Buto japonais Je les lis, les imprime en moi, ils sont eux-mêmes élèves d’Artaud, le grand penseur du corps humain par le théâtre Qui en arrivait à ses expressions les plus primaires, pour raconter l’émotion qui déborde Avec Sasha, le peintre, j’ai dansé pour la première fois Retrouvant mon style, émotionnel, irruptif, imprégné des maîtres, Fosse étant mon premier shaman - la précision mais aussi, l’enfance La recherche constante de l’enfant qui sait que danser c’est déverrouiller le ciel, purifier les dimensions Que la main qui cherche dans l’invisible crée un cadeau pour Dieu, une offrande de notre humanité Androgyne, aux larmes de cristal, a toujours été ma vérité Androgynes nous le sommes tous, en mutation perpétuelle, naissant d’un endroit, apprenant l’amour, flocon individuel que nous sommes, dans cette belle neige qui tombe sur la terre Rentrer à la terre, dans sa vérité, je suis tombé d’une nouvelle blessure juste avant de me relever, ainsi est ma pratique de la danse Absolue et totale, engageant le corps et l’esprit Dansant d’autant plus précisément pour vous que les fréquences, je les maîtrise désormais En m’abandonnant, comme un enfant, à l’amour de vous qui me fait danser en fleurs dans la nuit du plateau Je vous offre ma vie, ce que j’ai traversé, sans rien vous dire - la danse, ultime fanion rouge des grands timides J’ai tout cassé par colère et parce que je sentais qu’on nous refuse un monde meilleur, je sens comme vous le mépris et les guerres, mais il faut être habile devant l’éternel Il faut se rassembler en son humain, oui ton corps, oui ton corps, irréductible aux écrans, boîtes et flacons, ton corps irréductible à la photographie, ton corps qui déborde avant tout de ton âme revenue encore une fois sur terre pour apprendre l’amour Et quand tu meurs, soldat, le replay de ta vie t’apprendra qui tu as aimé vraiment Alors, par politesse pour le Seigneur, que j’appelle Goddess et aussi source puisque la lumière est un flot bienveillant, que tu peux appeler comme ton mère Je danse déjà en aimant le ciel, dans lequel j’imprime et purifie mes blessures Je pardonne Avec mes mains Qui sont les deux petits oiseaux Que m’a donné Jésus

© Eloïse Labarbe-Lafon

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